Antsirabe - Diagnostic : le bon exemple d'Antsirabe

Une enquête auprès des ménages a été réalisée pour mieux connaître la typologie et la quantité des déchets produits.

Antsirabe, troisième ville de Madagascar avec plus de 350 000 habitants, véritable grenier du pays grâce à ses productions de fruits et légumes ; Antsirabe et ses quelque 170 tonnes de déchets produits chaque jour ; Antsirabe et sa politique dynamique et ambitieuse en matière de traitements des ordures : dans la métropole du centre de la Grande Île, c’est devenu “une priorité”, comme le souligne le maire Honoré Gabriel Rasamimanana.

Son équipe a d’ailleurs réalisé un diagnostic de territoire en économie circulaire, dans le cadre du partenariat avec l’Association des Villes et Collectivités francophones de l’Océan Indien (AVCOI). Le document retrace l’ensemble des mesures prises pour la gestion des déchets et les moyens qui y sont consacrés. On apprend ainsi qu’Antsirabe, après s’être dotée d’un code municipal d’hygiène, a créé un centre de tri des déchets, avec l’objectif de valoriser les ordures organiques en vue de les transformer en compost, à destination des agriculteurs. “Il sera opérationnel au mois de mai”, espère le premier magistrat.

Une campagne de sensibilisation a été lancée, pour inciter les habitants à réduire la quantité de leurs déchets déposée dans les bacs à ordures des quartiers. “Des habitants y déposent les déchets verts, comme les broussailles et les branches”, regrette Honoré Gabriel Rasamimanana. “On veut les inciter, dans le cadre de l’agriculture urbaine, à les transformer en compost”. Ces 38 bacs sont vidés tous les jours ou tous les deux jours dans les quartiers les plus peuplés, deux fois par semaine ailleurs.

Au début du mandat du maire, plus de 20 000 tonnes s’y entassaient ; aujourd’hui, il reste encore à “liquider” environ 4 000 tonnes. Les ordures sont chargées manuellement ou avec des engins dans trois camions bennes, qui les transportent ensuite sur le site de la décharge d’Ambohidava. Un matériel roulant qui reste aujourd’hui encore en nombre insuffisant. Le partenaire Famafa assure en outre une pré-collecte chez les ménages. Par ailleurs, des poubelles à trois compartiments ont été installées, de façon à permettre un tri à la source, dans les lieux les plus fréquentés de la ville.

Antsirabe a élaboré ce diagnostic de territoire en prenant l’attache directe de ses administrés. Sept des soixante Fokontany (quartiers) de la commune ont été sélectionnés et, à chaque fois, cinq ménages ont été choisis, selon la méthode des quotas, explique la directrice de l’Environnement de la ville, Tokiniaina Hobinjatovo. Il a été tenu compte de la taille des foyers, leur activité, leur situation socio-économique… Des sacs poubelles ont été distribués, et pesés pendant cinq jours successifs.

Les déchets ont été catégorisés en compostables, tels les déchets de cuisine, déchets verts, le bois…, et en valorisables, comme le papier, carton, plastique, verre, céramique, métaux, textiles, cuir… Les limites de cette enquête tiennent à la période d’étude, puisque “le volume des déchets varie beaucoup en fonction de la saison”. Néanmoins, elle a permis d’avoir une idée globale d’une estimation de la quantité produite au niveau de chaque ménage. Plus de 61% des poubelles sont des déchets organiques, principalement des restes de légumes et de fruits. Ce pourcentage est prometteur pour satisfaire les besoins en compost des agriculteurs, “très demandeurs”.

Mais la filière se heurte à la forte croissance démographique, qui augmente mécaniquement le volume des déchets à traiter, alors que les ressources financières n’augmentent parallèlement. La commune est également consciente qu’il conviendra de faire monter en compétences les personnels chargés du recyclage et de la valorisation des déchets. L’objectif est bien de réduire leur combustion à ciel ouvert ; dans l’attente, un projet de reboisement, pour compenser l’émission de gaz carbonique, a été lancé, en partenariat avec la ville de Stavanger, en Norvège.