Association des Villes et Collectivités de l'Océan Indien

Comment gérer les déchets plastiques ?

Remplacer par des produits locaux

Les villes participant au séminaire de l’AVCOI qui s’est tenu à La Réunion du 8 au 11 avril se sont penchées sur la question du traitement des sachets et des bouteilles plastiques. Des solutions existent…

Les plages, superbes, des Comores sont malheureusement souvent souillées de déchets plastiques. C’est le cas à Moya, commune de 24 000 habitants sur la petite île d’Anjouan. Pourtant, comme le rappelle le consultant Abdallah Mohamed, “les sacs plastique sont interdits aux Comores”. Mais la loi a été jusque-là peu appliquée, “par manque d’alternative”. Comment faire alors ? Revenir aux paniers d’antan, tressés à base de tiges d’arbre du voyageur (ravenale), ou à des cabas en tissus, “des objets qu’on pourrait fabriquer localement”, estime Abdallah Mohamed.

En attendant, les sachets plastiques fournis par les commerçants et les bazardiers des marchés ne sont plus gratuits comme avant, mais vendus, “de plus en plus cher”, environ 100 francs comoriens (20 ct d’euros). Un coût qui devrait inciter les habitants à ne pas les jeter, à les réutiliser ou, encore mieux, à les remplacer.

Les Seychelles ont elles-aussi pris à bras le corps cette problématique. Dès 2017, l’archipel a également interdit l’importation et la vente de sacs et ustensiles en plastique, puis, en 2019, des pailles en plastique. Camille Mondon, chargée de mission au “Landscape and Waste Management Agency” des Seychelles, rappelle que des contrôles sont prévus pour distinguer les sachets de remplacements à base d’amidon et les anciens sachets plastique, parfois encore utilisés. Par ailleurs, depuis 2020, le programme “Le futur des déchets plastiques”, cofinancé avec l’IRD français et la Société des explorations de Monaco, tente de mettre en œuvre des solutions de recyclage, de transformation et de réduction des déchets plastiques dans l’océan Indien.

Reste la question des bouteilles plastique. Anjouan importe la matière première d’Afrique du Sud, du Kenya et de Tanzanie et six usines de soufflage fabriquent sur place les bouteilles, très utilisées par les habitants, dans la mesure où l’eau du robinet n’est pas toujours traitée… Une fois vides, ces récipients sont souvent jetés, un peu n’importe où car Moya ne dispose pas de véritable décharge, encore moins d’un centre de recyclage. Cela va peut-être changer ! Le projet “Moya Évasion” prévoit de transformer les bouteilles, avec l’aide d’un partenaire privé. Il se trouve qu’à Anjouan, les récipients sont tous fabriqués avec le même type de polymère, ce qui facilite leur transformation.

La plupart du temps, le recyclage des déchets plastique se heurte à la multiplicité des composants, qui ne fondent pas tous à la même température ou qui dégagent parfois des composants toxiques à la combustion… Honoré Gabriel Rasamimanana, maire d’Antsirabe, à Madagascar, en est bien conscient. Sa commune travaille avec des associations qui fabriquent, mais en petites quantités, des pavés autobloquants à base de plastique. Pour parvenir à gérer l’ensemble des déchets plastiques produits par Antsirabe, il faudrait changer d’échelle, ce qui est à l’heure actuelle irréalisable en termes de moyens financiers et humains.

Camille Mondon, aux Seychelles, insiste sur ce point : “Il faut que les opérateurs privés s’y retrouvent et que leur activité soit viable”. Pour cela, il faut disposer de quantités importantes de déchets, pour rentabiliser les investissements ; or le principe de base de l’économie circulaire est de réduire la production en amont des déchets, ce qui semble donc paradoxal… Mamoudzou, qui compte pourtant environ 75 000 habitants, est ainsi confrontée à cette question de volume. “Nous avons contacté des opérateurs pour traiter les batteries de voitures usagées, mais aucun n’a souhaité s’installer à Mayotte, car selon eux, faute de volume, ce ne serait pas assez rentable”, déplore Abdallah Boina Hamissi, des services du chef-lieu.

Du coup, des “artisans” les récupèrent et les transforme en marmite de plomb, près des rivières, entrainant une grave pollution. Une hypothèse a alors été évoquée : faire en sorte que la filière de traitement des batteries, efficace à La Réunion, soit étendue à Mayotte. L’AVCOI va étudier la question.

Partenaires financiers

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Logo footer AVCOI

L’AVCOI est une association regroupant une quarantaine de villes et collectivités de l’Océan Indien, à savoir des Comores, de La Réunion, Madagascar, Maurice, Mayotte et des Seychelles.

En savoir plus

Infos Pratiques