Des startups au secours de l’économie circulaire
Plusieurs startups de La Réunion ont présenté leurs solutions en faveur de l’économie circulaire aux villes participant au séminaire de l’AVCOI, qui s’est tenu du 8 au 11 avril à Saint-Denis. La séance s’est déroulée au sein de la Technopole de Saint-Denis.
Jean Piccoz, fondateur de la société Tephra, a d’emblée suscité l’attention des villes de l’océan Indien, avec ses enduits, peintures et briques, à base de produits naturels issus de La Réunion et de Madagascar. “Rien de pétrochimique, pas de coûts élevés d’importation ; une durée de vie de plus de trente ans grâce aux qualités respirantes de nos produits”, vante l’entrepreneur. À Mayotte, à Madagascar, aux Comores, où la terre compressée et les briques cuites sont encore largement utilisées, cette solution semble prometteuse d’avenir.
Toujours dans le bâtiment, la présentation de la startup Greenskin semble particulièrement adaptée aux territoires insulaires tropicaux, marqués par de fortes chaleurs et un degré d’humidité important. Il s’agit de couverture végétale de murs et toits, comme “une double peau”. L’innovation porte sur la végétalisation en amont, en pépinière, de panneaux, qui sont ensuite fixés sur les supports du bâti, avec une gestion “très économe” de l’irrigation, puisqu’une grande partie de l’eau utilisée est récupérée. Bien sûr, cette végétalisation réduit la température à l’intérieur des locaux et se présente sous trois options : la gamme “nature” se compose d’un simple gazon ; la gamme “création” s’adapte aux milieux locaux, avec possibilité de plantations d’espèces endémiques à chacune des îles ; et enfin, la gamme “comestible” permet non seulement d’éviter la climatisation, coûteuse en énergie, mais peut fournir des fruits ou légumes !
Des carburants durables
Récupérer les déchets plastiques, même sales, les déposer dans un container d’où ils sortent transformés en essence ou diesel ! Ce n’est pas un tour de magie, mais le résultat des innovations de la startup réunionnaise Macafo. Le plastique est en fait broyé, décomposé par la chaleur, évaporé puis recondensé en gouttes de carburant. Un peu comme le principe des alambics. “L’avantage”, souligne Brice Tamaya, un des fondateurs de la société, “est qu’on peut installer notre process un peu partout, avec des plastiques différents, sans avoir besoin de grandes quantités, environ 80 tonnes par an”.
Mieux : alors qu’aux Comores et à Madagascar, les coupures de courant sont très fréquentes, ce système de pyrolyse peut fonctionner sur groupe électrogène. Avec, précision importante, une production de carburant bien plus importante que ce que le groupe sera amené à consommer. Un kilo de plastique peut produire un litre de carburant ! Macafo a déjà installé des démonstrateurs en Australie ou au Bangladesh et recherche aujourd’hui des partenaires pour se développer dans l’océan Indien. Les participants au séminaire ont été particulièrement intéressés par cette micro-solution, malgré un investissement initial d’environ 250 000 euros.
Toujours en matière de carburant, Pierre Tamabouran Moutoumodely, de la société Biofuel Réunion, a exposé la façon dont il pensait remplacer l’essence ou le diesel… par de l’huile de friture usagée ! À ce jour, la startup collecte près de 300 tonnes de ce précieux déchet liquide auprès des restaurateurs de La Réunion, les purifie en ôtant les particules solides, et les exporte en métropole pour transformation en carburant. “Mais notre objectif est d’installer localement une unité de valorisation”, annonce Pierre Tamabouran.
Pour que la structure soit viable, il faudrait pouvoir traiter au moins 800 tonnes par an, ce qui semble réalisable : le gisement est estimé à 50 000 tonnes dans les îles de l’océan Indien ! Sachant que la vente en Europe, avec un long transport en bateau, est déjà rentable, une collecte inter-îles de la zone serait possible. À cet effet, Biofuel espère pouvoir compter sur des diagnostics sur chacun des territoires, pour connaître les quantités d’huile usagée produite et les possibilités de les collecter. Bonne pioche : Camille Mondon, chargée de mission au Landscape and Waste Management Agency des Seychelles, indique qu’un opérateur travaille déjà dans ce domaine sur son archipel ; elle prévoit de mettre les différents acteurs en relation. C’est justement l’un des objectifs de l’AVCOI…
Partenaires financiers
- FCR974 (Fonds de Coopération Régionale – Préfecture de La Réunion)
- UE-Interreg (OI)
- Région Réunion
- AVCOI