Association des Villes et Collectivités de l'Océan Indien

Réflexion et coopération en gestion des déchets

Diagnostics partagés entre Les Comores et Madagascar

Rencontre des cadres comoriens à Toamasina

Des cadres comoriens se sont rendus à Toamasina (Tamatave) pour découvrir le mode de gestion des ordures de la métropole malgache. Dans le canal des Pangalanes, les habitants sont sollicités.

Il y a une dizaine d’années, “on n’avait pas de problème de déchets”, soupire Hamidoune Ahmed, collaborateur technique du maire d’Ongojou . Cette commune comorienne, située à l’extrême Sud de l’île d’Anjouan, est la plus proche de Mayotte. Auparavant, les déchets des 13 000 habitants étaient quasiment tous biodégradables (déchets verts et restes alimentaires) et n’entrainaient donc aucune pollution.

Mais aujourd’hui, “il y a de plus en plus de ferraille et de plastique, dont les gens ne savent pas quoi faire. Alors ils les jettent dans la rivière et tout part à la mer !” Selon Hamidoune Ahmed, les pêcheurs ramènent souvent dans leur filet ou au bout de leur hameçon des couches pour bébés…

Jusqu’à présent, Ongojou  n’a pas pu enrayer cette dérive, ne disposant ni d’un système de collecte, ni d’un site de dépôt. Toutefois, la possibilité de découvrir les pratiques des autres villes de l’océan Indien, portée par l’AVCOI, a permis de dégager des pistes de solutions. Hamidoune Ahmed s’est ainsi rendu fin janvier à Toamasina (Tamatave) à Madagascar. “J’ai choisi un pays émergent, car à La Réunion, il y a trop de différences de développement entre nos deux pays”, estime le Comorien, qui était accompagné de Mohamed Ahmed, chargé de projet à Nyuma Komo, située au Nord-Ouest de Grande Comore.

Dans cette commune de 8 000 habitants, chacun des huit villages dispose d’un site où les habitants déposent eux-mêmes leurs ordures. “Notre projet, prévoit le spécialiste, serait de mettre sur pied une décharge communale unique, avec une collecte en moto-benne”. Mais rien de précis à ce jour, le projet pourrait se préciser lorsque le diagnostic territorial de la commune sera achevé.

Solutions Mises en œuvre par la Communauté Urbaine de Toamasina

À Madagascar, Toamasina a mis au point un système de collecte qui fonctionne depuis plusieurs années. Les 380 000 habitants déposent eux-mêmes leurs déchets dans des bennes, installées dans les différents quartiers. Des camions les vident tous les deux jours pour emmener les ordures à 12 km de la ville, dans la décharge municipale.

Bientôt, “la collecte sera quotidienne”, se réjouit Tiana Ramamonjisoa, en charge de la gestion des déchets solides au sein de la Communauté Urbaine de Toamasina. Mais le site de dépôt est désormais saturé, aussi la ville tente-t-elle de réduire l’apport de déchets, ce qui passe notamment par une politique de tri. Un centre dédié a été construit à côté de la décharge qui, une fois le système électrique installé, transformera les déchets organiques en engrais agricole.

C’est cette solution que souhaite aujourd’hui transposer dans sa commune comorienne Hamidoune Ahmed. À Ongojou, une ONG a testé la technique, avec “des résultats prometteurs”. Aussi, la commune compte-t-elle sensibiliser la population pour trier à la source ses déchets organiques et les apporter dans les champs, où ils contribueront à améliorer les rendements agricoles.

Il faudra pour cela “changer le comportement” des habitants, ce qui n’est jamais chose aisée, comme l’a constaté Tiana Ramamonjisoa à Toamasina : “Environ 20% des 120 tonnes de déchets produits chaque jour n’arrivent pas à la décharge et sont jetés dans le canal !”. Elle vise notamment les collecteurs privés, qui se font payer par les particuliers pour récupérer leurs déchets dans des charrettes tirées à la main.

Le canal des Pangalanes longe l’océan et était autrefois utilisé comme voie commerciale ; il est aujourd’hui en grande partie bouché à cause des déchets, ce qui entraine de graves problèmes d’eau stagnante et polluée. La commune dispose certes d’une machine de dragage, mais son utilisation est “trop coûteuse”. Aussi, a-t-il été préféré faire appel aux riverains, dans le cadre du programme “Vivre contre travail”.

Explication de Tiana Ramamonjisoa : “Les villageois dégagent à la main les déchets du canal et nous leur donnons en retour de quoi manger”. La fonctionnaire malgache s’est à son tour rendue aux Comores, dans la capitale Moroni et dans le village Nyuma Komo, pour découvrir les politiques menées en matière de gestion des déchets. Même si les Comores sont moins avancées, des initiatives lui ont semblé “intéressantes”, comme le gardiennage des sites de dépôts d’ordures en ville. “Ils s’assurent que les habitants paient leur dû quand ils laissent les déchets. Chez nous, c’est gratuit, mais un gardien permettrait d’empêcher les dépôts sauvages à côté des bennes”. Et de conclure : “C’est toujours bien de voir comment ça se passe sur le terrain !”.

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